Dark ambient/Drone/Techno
Cdr / EP / DV029
5 tracks. 28 minutes.
Handmade release.
Limited edition of 98 handnumbered copies only. SOLD OUT
RELEASE DATE 31.12.2017
Minimal drum machines. Shoegaze/black metal guitars. Field recordings. Concrete sounds. Organic techno.
“Darkness precedes light. Before there was light, the world and
everything in it were in total darkness. With light came colour. But
black came first.” (Pierre Soulages)
1. Ether
2. Hypnos I
3. Fange
4. Hypnos II
5. Dédale
Includes :
- black cardboard sleeve with black printing
- cdr with a painted black line
- a 650g black card with quote
- a reversible A4 130g black poster
All enclosed in a black enveloppe.
(New Noise. June 2018. FR.)
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Ce disque commence avec une petite loupiote qui s'allume au loin dans une grande caverne habitée. Des bestioles rondes intelligentes, enfin un peu, qui se déplacent en rebondissant contre les parois. Elles s'activent, elles font des choses, elles pratiquent la division des tâches, il y a les mineurs, le forgeron, le grand sage, le poète druide chaman des cavernes. Ils ne savent peut être pas ce qu'est le soleil, encore moins qu'il existe un monde extérieur. Ce sont des ewoks souterrains. Ils vivent dans un monde vaste et encore largement inexploré, plein de MYSTÈRE.
Cette musique est sombre et primitive OK. Synthétique aussi, et verticale, elle s'étire de bas en haut, à la recherche d'une sortie, à la recherche de la lumière ok. Une musique qui tente désespérément de communiquer avec le HAUT à grands renforts d'oscillateurs détunés et de mélodies pseudo orientales, de tambours et de cordes électriques frotées gratouillées qui bourdonnent.
Second track : on commence chez les mineurs, petit chariot qui achemine le minerai au village, tout à la fois nourriture, matériau de construction et objet de culte de base. Il est vivant, c'est un minerai hybride végétal, qui possède en lui la clé du MYSTÈRE : qui sommes nous, pourquoi sommes nous là, comment pouvons nous sortir. Mais pour avoir toutes ces réponses, il faut trouver la clé de l'énigme. Alors on s'affaire toute la journée, sans relâche, on creuse, on racle, on excave, on transporte, on fait fondre, on moule, on cuisine, on monte, on sculpte, on joue, on invoque. Mais toujours rien.
Bon. Oui ces ewoks connaissent aussi la cowbell de la TR 808. Surprenant mais pourquoi pas. C'est le soir, au coin du feu. Le chaman propose un spectacle d'ombres chinoises sur les parois de la grotte. Une scène épique digne du Maharabata. L'affrontement des forces cosmiques et plus précisément le dieu d'en bas contre le dieu d'en haut ou inversement. C'est un bon divertissement et par contre à la fin personne ne gagne évidemment : c'est l'équilibre mouvant. What else.
La nuit, Ensuite. Après le spectacle, ne restent que quelques initiés. Ils ingurgitent une certaine variété de ce minerai biologique qui leur dilate les pupilles et projette leur conscience hors de leur corps. C'est le temps de la transe, le voile se déchire et le contact avec la réalité provoque une sorte d'euphorie contagieuse. On rebondit très fort contre les parois de la grotte sans que cela soit particulièrement joyeux, n'empêche que ça fait du bien. Le MYSTÈRE est là, à portée de main, je peux presque le toucher, comme le saint graal coincé au bord du précipice dans un palais qui tombe en ruine. Mais non. Laisse tomber. C'est pas pour aujourd'hui. Ça fait du bien quand même.
Retour à la normale, au petit matin, rosée sur les parois, couloirs encore déserts, espoir, anticipations, vénération du monde tel qu'il est. Prière. Que le Dieu d'En Haut bénisse ce village, cette grotte, cette journée qui commence. Qu'il nous guide comme chaque jour vers le haut, vers la sortie, qu'il fasse de cette vie une source de joie malgré l'obscurité, malgré la monotonie de ces couloirs sombres et ce minerai qui est quand même très salissant, friable et pas très nourrissant. Prière et dévotion. Un jour ça sera mieux, on sera là haut. En haut les âmes de nos ancêtres dansent joyeusement en parfaite communion avec l'essence de la réalité ; ils ne forment qu'une seule grande conscience qui est le tissu même de l'espace temps et voilà.
Bises.
(Dancersurdelarchitecture. June 2018. FR.)
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L’alliance du noir et de la lumière est indéniablement majestueuse dans les peintures monopigmentaires de Soulages et l’est, tout autant, dans l’EP d’Autrenoir, sorti plus tôt cette année sur l’étiquette française Distant Voices. Le sublime vient de la profondeur de la couleur sonore du disque, teinté ça et là, de rythmiques lumineuses.
Une alliance, Autrenoir en est d’ailleurs une, c’est celle de Paul Régimbeau, qui œuvre sous le nom de Mondkopf, et de Greg Buffier, qui s’illustre notamment dans le projet ambiant Saåad. La rencontre est parfaite puisque les univers initiaux de ces musiciens sont, à la fois, proches sur le fond et différents sur la forme.
Autrenoir tend toutefois à créer sa propre couleur sombre – comme un Vantablack, mais version sonore. Ce sont ainsi les boites à rythmes minimalistes et les instruments électroniques qui se combinent à des cordes, à des guitares électriques et à des pianos. Ces unions créent une sonorité hybride entre notes acoustiques et textures purement synthétiques.
Sur les cinq pistes du EP, le duo construit d’abord les couches les plus profondes. Le premier geste est celui où les musiciens ajoutent et retirent du noir jusqu’à trouver la juste nuance faite de basses puissantes et subtiles. Un socle nécessaire pour ensuite faire émerger des pointes de clarté, principalement rythmiques – comme sur Ether qui ouvre l’EP – mais aussi mélodiques – dans le sublime titre Fange. Le disque dévoile ainsi cinq nuances d’une matière musicale noire ô combien captivante.
Outre la méthode, l’écriture est elle aussi brillante. L’atmosphère sombre de chaque morceau s’installe et grandit à un rythme soutenu. Les pistes se composent autour de constructions en tension et d’ambiances bruyantes qui enflent et se désagrègent dans de bienveillants paysages ténébreux.
La réussite de ce EP tient dans le principe de proposer une musique avant tout atmosphérique, mais pourtant si rythmée. Si bien qu’elle est peut-être là, la corrélation, avec le travail pictural de Soulages.
(Mes enceintes font défaut. March 2018. FR.)
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Avec des univers aussi proches, il n'est pas surprenant de voir Paul Régimbeau (alias Mondkopf) et Grégory Buffier (la moitié de Saaad) s'associer pour un projet musical commun. Sous le nom d'Autrenoir, le duo nous a offert au début de l'année un album court des plus fascinants.
La pochette du disque et les titres des morceaux annoncent d'entrée la couleur (faut-il préciser laquelle ?) : ambient dark (éther), électro oppressante (fange), labyrinthe sonore de textures électroniques entremêlées (dédale) entre autres joyeusetés. Le résultat est étonnamment accessible, et ce grâce à un savant dosage de dissonances, drones planants, sonorités agressives et mélodies plus directes.
On commence par retrouver tout ce qu'on aimait séparément chez les deux artistes. Les fans de Oiseaux Tempête pourront d'ailleurs reconnaître le son électronique si caractéristique de Mondkopf, particulièrement sur Ether (Cf. Carnaval sur Al'An). Mais au final, le mélange prend tellement bien qu'il dépasse de loin la simple juxtaposition des deux visions.
L'album est malheureusement épuisé dans sa version physique, mais on peut encore l'écouter sur bandcamp (en attendant l'album long ?).
(Hors-piste. March 2018. FR.)
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I’ve been closely following and covering the works by the French drone duo Saåad pretty much ever since I first started writing for Heathen Harvest. Tape after tape, vinyl after vinyl, their productivity has never diminished their quality. More recently, band members have branched out to collaborations and side acts, including Autrenoir. Saåad’s latest LP releases came out on the In Paradisum record label, run by Paul Régimbeau. Régimbeau is also the man behind Mondkopf and Greg Buffier of Saåad has become a live member of that project. Both men are also part of the French super drone group Foudre! Their collaboration has clearly been a fruitful one, but that didn’t dim my curiosity to find out why these guys needed to come up with another project, and how different it was.
Even though Autrenoir carries vibes from both Mondkopf and Saåad, it still manages to feel quite different. The self-titled debut EP was released on a handmade CDr (now sold out) by Distant Voices, a predominantly black metal and ambient label from Southern France. Autrenoir is bold and powerful music. It’s very much rhythm-centered project but without the distorted grandeur of both Mondkopf and Saåad. Instead we’re offered loud and massive rhythmic structures that I think shine the brightest when performed live. These are linked together by techno-inspired and sometimes dubby bass lines, with uneasy melodies that escalate alongside a haze of insistent hi-hats. At points Autrenoir is reminiscent of harsh UK bass music with a somewhat of an industrial feel and a stronger emphasis on atmosphere. Think the better tracks of Dylan Carlson with The Bug.
I find it impressive that Buffier and Régimbeau managed to write a very atmospheric record that’s so busy on beats. The ambiance on their debut EP is not achieved by the wall-of-sound I usually associate Greg’s guitar work with, or the sparse synth work found in the last Mondkopf ambient LP They Fall, But You Don’t. Autrenoir somehow manage to leave a lot of air in their production and while that space might feel heavy like a black cloud, it really allows the sounds to unfold and breathe.
(Heathen Harvest. February 2018. USA.)
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Posté sur le sable, le Poséidon miniature déchu semble tenté de reconquérir l’océan. «Mon premier rêve/ mon beau rêve/ d’eau glissante/ et de mon rêve.» De ses longs cils de charbon, il fixe la mer avec défi. Les aiguilles d’une horloge au corps androïde frappent contre le roulement ambiant d’une écume apprivoisée qui s’étend. Autrenoir ronronne obscurément sous la vase et les mots du dernier roman du poète Tarjei Vesaas, la Barque le soir, qui marque l’avènement du crépuscule et conte le sauvetage d’un homme qui tente de se noyer.
Duo formé par Paul Régimbeau (Mondkopf, Extreme Precautions, VMO) et Grégory Buffier (Saåad, Sélénites), Autrenoir a sorti son premier EP S/T au crépuscule du Nouvel An, les dernières bulles de champagne pétillaient faiblement de toute leur solitude, tandis que le son obscur d’Autrenoir nous envapait déjà tendrement.
Sous le label toulousain Distant Voices, Autrenoir se terre dans les souterrains, régnant d’un triomphe de sombres cordes hurlantes et coulant dans les nappes électro-phréatiques enivrantes. Le clip noir et blanc au format scope réalisé par Grégoire Orio pour le morceau "Dédale" nous laisse voir cet enfant manipuler les vagues et le temps – écho de Jason qui en faisait tout autant dans The Future de la cinéaste américaine Miranda July. Les plans captés au drone laissent apparaître une plaine océanique comme une vague peau de lait chiffonnée. C’est l’enfant qui, cette fois, semble tirer la mer de sa propre noyade. Et non loin les mots du poète norvégien nous reviennent plus amplement : «Il glisse vers le bas aussi silencieusement qu’une ombre peut glisser dans un gouffre. Il n’était pas haut, il était exactement au-dessus de la surface de l’eau. Cet événement ne fera pas de cercles dans l’eau, seulement un peu de désordre dans le reflet, voilà tout.»
(Jérémy Piette / Libération. February 2018. FR.)
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Can guitars and electronic music be fused eloquently? Yes, if you are Autrenoir from France. Released on the very last day of 2017, the duo's self-titled EP has somehow skipped my ears. But later better than never! Five tracks by Autrenoir dive into dark shamanic ambient, techno and experimental while also pleasing the ears of a metalhead. Unique!
(Elena Mara Reed / Mutual grimness. February 2018. LI.)
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It begins with razor sharp resonances, shards of glass gently brushing against your skin, teasing your senses with a shrieking, unsettling timbre. A piercing drum machine pulsation kicks in with a deafening thump, slowly but surely setting the song into motion, foreboding first-time listeners of the heavy yet subtle violence to come.
Thus opens Autrenoir, an eponymous debut EP by Paul Régimbeau (aka Mondkopf) and Greg Buffier’s (Saåad), a project built on dread and discomfort sketched in its bare-boned form.
Autrenoir doesn’t draw its heaviness from loudness or abrasive crashes; rather, the atmosphere on each track settles in and grows at a steady pace, like a novel that unveils it gripping narrative, page by page, word by word.
Over the course of thirty minutes spread between five tracks, the French electronic duo take no prisoners when confronting us with our primal instincts of repulsion, triggered by suspenseful builds and noisy ambiences that swell and disintegrate into the records’ barren landscapes.
The sonic palette on display on this debut release only serves to add to this discomfort; minimal drum machines and electronic instruments are mixed with string sections, field recordings, electric guitars and pianos, resulting in a disorienting hybrid of organic, acoustic instrumentation and purely synthetic beats and layers. Lines are blurred and familiar sounds are put into question, in a confusing masquerade where every sound converges towards the uncanny valley.
Autrenoir is not only an unwelcoming listen; it is also a slow-burner, one that rewards the more attentive and resilient of listeners. Make no mistake, however, for as grotesque as this first introduction may appear at times, there lies an equally skilful exercise in creativity and audacity at work here. In other words, though some may find themselves discouraged by Autrenoir upon first or second hearing, to miss out on its underlying beauty is to miss out a great deal. Trust is crucial, patience is key.
(Robin Ono / Echoes and dust. February 2018. UK.)
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Autrenoir relève de la même catégorie de nom que Malemort : celle qui donne à espérer une musique transgenre, transversale, transnoire. Et comme avec Malemort, on n'est pas déçu.
Ne connaissant, des activités précédentes des deux protagonistes, que celles de Paul Régimbeau, on y entendra forcément un peu des façons de Mondkopf ; mais on entend surtout une musique à part, une sorte de techno moderne, aux rythmes concassés et soyeux tout à la fois, sourds et pourtant nets dans leur profondeur de basses, et toute baignée d'une anxiété traversée par de lointains, brumeux fantômes de romantisme black metal - et là encore on reconnaîtra, si l'on y tient, le Paulo et son art unique d'injecter ses émerveillements metal et les rêves qu'ils lui donnent dans sa langue purement (?) électronique.
Mais ces rêves-là, faits en compagnie de son présent comparse, l'emmènent loin, très loin de toutes catégories et comparaisons connues ; Autrenoir est-il forestier ou urbain ? Bien malin qui saurait le dire, ou trancher au milieu des ambiguïtés permises par son illustration : schéma moléculaire ? ramures ? grillage en décomposition ? errance au microscope ? phénomène astral ? fourrure de quelque bâtard de bombyx ? Le disque, lui, n'est rien de tout cela, il est encore autre, en mouvement, rôdant dans une nuit électriquement chargée, comme un orage qui couverait dans du velours, de rêves à l'affut, semblant eux-mêmes rêver à leur éveil et leur envol ; Autrenoir est une laque noire, somptueusement exécutée, dans les reflets profonds de quoi l'on n'aperçoit que le lent, liquide, élégant ballet de l'ombre, d'ailleurs le disque pourrait s'emballer, selon certains canons techno, en plusieurs endroits, et ne d'ailleurs pas plus mal s'en porter, on brûlerait de l'entendre le faire, et défourailler un peu - mais jamais il ne le fait, jamais il ne se pose ou ne s'enracine ; toujours il vole, pas tout à fait papillon de nuit pourtant, sur les seules ailes de sa propre grâce singulière, maladif et satiné à la fois, fragile, délicat et pourtant décidément vénéneux. Rarement bain de minuit aura-t-il été aussi gothique - ou est-ce l'inverse ?
On pensera tout de même, dans un lointain effrangé, aux plus fruités et juteux cauchemars d'Orbital, au Amber d'Autechre... et fatalement on finit par réaliser à quel club très select, au fond, se rattache seulement Autrenoir : la poignée de légendaires albums sortis sur Reload Ambient ; peut-être pas Seekness, puisqu'on n'est pas ici en compagnie aussi généreusement tentaculée et fongique, mais Phlegm et Psychonauts, qui cela tombe bien nous avaient laissés avec une discographie plutôt maigre : pour sûr ! Excusez du peu.
En fait, Autrenoir est un disque assez embêtant, en ce qu'il ne laisse même pas la place pour attendre quel grand groupe peut devenir Autrenoir sur un éventuel disque suivant, et de format plus confortable : tel qu'il est avec sa courte durée, il est déjà un petit grand disque qui pourrait aussi bien rester unique de la part de ses auteurs, tant on en émerge heureux et en paix. Mais d'un autre côté, on commence à avoir une plus qu'entière confiance en Régimbeau pour se jouer à l'aise de toutes complications d'attente et même de tout haut niveau d'exigence, avec superbe au prochain disque.
(Satan owes us money. January 2018. FR.)
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